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Ah... les fêtes, Saint Nicolas, le Père Noël (on y croyait !) l’attente

et les surprises, les carottes pour l’âne et ses fausses petites

crottes... Pour nous, ma soeur et moi, des jouets, raisonnables pour

l’une, belliqueux pour le garçon. Soldats de plomb, canons, tanks,

bateaux, tout un monde... Rêves à I’aune des images et des récits

de nos pères et de nos oncles de cette grande guerre de 1914-18.

Mes copains et moi, jouions donc «à la guéguerre», la vraie nos

pères l’avaient gagnée, non?

N’était-ce pas la der des der? Nous étions bien innocents et les

jouets étaient assez naïfs ...

C’est l’expo de 1935 (j’avais 7 ans) qui m’a un peu ouvert les yeux

et fait ressentir quelques doutes sur l’avenir. Je n’avais pas tort!

Tout était là, les acteurs étaient en place. Des nuages sombres

s’annonçaient et une inquiétude viscérale m’habitait.

Les faits eux-mêmes traduisaient cette montée de violence annoncée

par leur réalisme agressif, plus imaginé pour le «krieg spiel» que

pour d’inoffensifs jeux d’enfants. Accessible à notre jeune âge, le

cinéma nous abreuvait d’images. C’étaient les actualités qui me

passionnaient plus que les films.

On découvrait le monde avec ses beautés, ses mensonges et

ses brutalités: l’entrée du Normandie à New-York, victorieux du

Ruban Bleu, le concours de Miss à Miami, le plus grand avion du

monde, et d’autres images, bien réelles, elles aussi, de la guerre

sino-japonaise (Merci Tintin !). La guerre d’Espagne, la montée des

mouvements extrêmes, Mussolini, Hitler... Les ballets diplomatiques

en haut de forme... pour la forme.

Puis vint Munich, les Sudètes, le pacte germano-soviétique et...

la Pologne. J’entends encore le vieux Chamberlain à la radio

disant d’une voix triste «consequently... this country is at war with

Germany» et le Français Daladier (un peu plus tard) annonçant

sans grande conviction l’entrée en guerre de la France, avec

cette phrase devenue célèbre «Nous vaincrons parce que nous

sommes les plus forts !»

Cette entrée en guerre prudente et sans grande conviction contre le déterminisme allemand n’annonçait rien de bon. Les images d’actualité de cette «drôle de guerre» n’étaient pas pour nous rassurer. J’avais 11 ans et mon instinct de petit garçon curieux m’inspirait le pire.

J’avais osé dire à mon père, ancien de 1914, ardent patriote, catho et royaliste, qu’on allait avoir la guerre et que nous allions la perdre ... La réponse a été virulente «c’était impensable!» ...

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La défaite fut rapide et brutale. La meilleure armée du monde et ses

«généraux» fut anéantie en quelques semaines, si pas quelques

jours : du 10 au 15 mai 40 le drame était consommé.

C’est avec des vieux potes de mon âge (de plus en plus rares!)

que dans nos bistrots de prédilection nous évoquons nos souvenirs

communs avec une certaine nostalgie, qu’ils soient tristes ou drôles

parfois. Ces années de guerre ont marqué définitivement nos vies

et nous fascinent toujours.

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Ce sont les cartons de bière (et ce qui est dessus!) avec mes petits

dessins qui ravivaient nos mémoires et nos souvenirs. Cela avait

un tel succès que mes copains ont estimé que je devais en faire

quelque chose... Merci les gars! Voilà qui est fait! Mais la vie

continue, l’histoire aussi, donc je continue à voir mes potes, à boire

quelques nectars et salir quelques cartons, ce matériel gratuit!

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                                                                      Jean-Paul Emonds-Alt  2014

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Nous avons encore quelques catalogues de l'exposition, si ça vous intéresse.

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